Clap première pour Alessia Corrao, la plus jeune Belge à l'Euro : "On a décidé de m'offrir ma chance !"
La Liégeoise de 22 ans a épaté en ce début d'année, mais elle garde toujours les pieds sur terre. Et c'est sa force…
- Publié le 26-04-2024 à 07h00
- Mis à jour le 26-04-2024 à 09h11
Clap première pour Alessia Corrao ! À 22 ans, la Liégeoise disputera ses premiers championnats d’Europe ce vendredi, à Zagreb. Engagée en -63 kg, une catégorie où la Belgique attend une titulaire depuis Sarah Loko, Alessia a épaté en ce début d’année olympique avec une cinquième place mi-février, à Györ et, surtout, une septième fin-mars, à Antalya, pour sa première apparition en Grand Chelem.
Il est vrai qu'elle n’a pas froid aux yeux, mais elle a également su attendre son heure, elle qui fut privé de compétition pendant de longs mois en raison de douleurs aux dos dues à une irritation nerveuse et qui, lors de son retour sur les tatamis, a combattu avec une fracture du coude dès son entrée en lice au Mondial juniors. C’était fin 2021 ! Depuis lors, Alessia est entrée à l’Armée comme sportive de haut niveau et se retrouve dans la "cour des grandes"…
Alessia, quels sentiments vous animent avant ce premier Euro ?
"Je suis très heureuse et très fière ! C’est un premier aboutissement. Il y en a d’autres, bien sûr, comme le Mondial, mais je ne suis pas du genre à brûler les étapes. Voyons ce que ça donne ici, à Zagreb…"
Quel est le résultat qui vous vaut d’être sélectionnée, la cinquième place à Györ ou la septième à Antalya ?
"Je pense que ce sont un peu les deux, mais il est évident que j’ai marqué des points à Antalya, un Grand Chelem, où j’ai disputé cinq combats. Je pense que j’ai franchi un palier. Pas seulement ces trois derniers mois parce qu’il y a des années avant, au cours desquelles il y a du travail. L’année dernière a été très compliquée pour moi. Mais, après le stage en décembre, au Japon, j’ai abordé cette saison en me concentrant mieux sur les compétitions. J’étais mieux préparée, tant sur le plan physique que mental. J’ai ressenti la confiance de la part du staff fédéral et, en particulier, de Cédric Taymans qui a été très présent dans les quelques moments de faiblesse qui m’ont habitée."
Cinq compétitions à votre actif cette année, ce n'est pas mal…
"Ça change de mes dernières saisons, où j’ai souffert de blessures avec, notamment, mon coude et mon genou. Je touche donc du bois. Pour le moment, tout va bien."
Quel est votre objectif à Zagreb ?
"J’espère toujours décrocher une médaille, mais je dois garder les pieds sur terre. Je ne figure pas parmi les favorites pour un podium. Si ça se passe mal, je me remettrai au travail. Et je reviendrai l’année prochaine. Mais, d’ici là, je suis encore inscrite mi-mai, au Kazakhstan, et qui sait au Mondial ? Je sens qu’on a confiance en moi et qu’on a décidé de m’offrir ma chance. Il faut bien avouer qu’une compétition comme un Grand Chelem, c’est un autre niveau que ce que j’ai connu jusqu’ici. C’est plus sérieux, mieux organisé, mais je ne suis pas impressionnée. Je ne le suis pas vite. Et puis, il y a surtout les adversaires. Là, je touche le haut niveau, qui plus est avec la perspective des Jeux de Paris. Tout le monde cherche à se qualifier."
"Quand je monte sur le tatami, mon adversaire a deux bras et deux jambes, comme moi."
Paris 2024 tombe trop tôt pour vous. En revanche, vous viserez Los Angeles 2028…
"Clairement, c’est l’objectif ! Je mettrai tout en œuvre pour y être. Depuis quelques années, j’ai été intégrée au groupe de haut niveau francophone et je suis les plans d’entraînement. Je m’entraîne à Louvain-la-Neuve, tout en habitant toujours à Liège. Émotionnellement, j’ai besoin d’avoir ma famille et mes amies autour de moi. Elles contribuent à mon équilibre."
Avez-vous déjà jeté un œil sur la liste des engagées à cet Euro ? Comment abordez-vous le tirage au sort ?
"Je regarde le tirage dès qu’il sort parce que ça ne me perturbe pas. Je vois quelles adversaires je prendrai. Sans analyser. Je laisse le soin à Cédric Taymans de s’en occuper. Le jour de la compétition, on discute de la tactique. Je précise : sans se projeter sur la suite. Je prends vraiment combat par combat."
Quel est votre point fort en judo ?
"Je pense que c’est l’instinct, la spontanéité. Je ne réfléchis pas trop. Je sais ce que je peux réaliser et aussi ce que je ne peux pas. J’essaie d’être la plus décontractée possible. Quand je monte sur le tatami, mon adversaire a deux bras et deux jambes, comme moi. Ce qu’il y a de beau en judo, c'est qu’on peut gagner et perdre contre tout le monde. Moi, je préfère marquer debout qu’au sol, qui n’est pas mon point fort. Je me débrouille, mais je préfère les soulever et les plaquer à terre. C’est une sensation vraiment incroyable."